Ayant fait ses preuves dans plus de 200 entreprises manufacturières, le concept japonais Kaizen est devenu une tradition dans le secteur industriel tunisien. Aujourd’hui, le ministère travaille sur un projet de création d’une direction générale Kaizen. L’objectif est de donner une dimension structurante à l’expérience tunisienne.
“Kaizen” est un mot japonais qui signifie amélioration. Si cette expression japonaise fait aujourd’hui partie du jargon des entreprises manufacturières en Tunisie, c’est parce qu’il y a une histoire derrière. En 2006, la Tunisie a choisi, dans le cadre de sa coopération avec le Japon d’expérimenter ce principe qui vise à améliorer la qualité et la productivité des processus de fabrication, au niveau de quelques industries locales. 18 ans après, le Kaizen est devenu presque une norme pour plus de 200 entreprises industrielles. La bonne nouvelle, c’est que la Tunisie compte pérenniser cette expérience fructueuse pour en être le vecteur sur tout le continent. C’est ce qu’a affirmé, en somme, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Fatma Thabet Chiboub, lors de l’ouverture de la conférence annuelle Kaizen Afrique, qui s’est tenue cette année en Tunisie, et ce, pour la deuxième fois depuis son lancement en 2017.
Une expérience renouvelée
Ayant pour thème “Le rôle de Kaizen dans la promotion des transitions digitales innovantes et le développement économique”, cette édition 2024 organisée par la Jica et l’Agence de développement de l’Union africaine (Auda-NEPAD), en collaboration avec le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, a réuni près de 150 participants de plus de 23 pays d’Afrique et d’Asie. Selon la ministre, la thématique innovante de cette édition reflète cette volonté des pays africains, dont la Tunisie, de créer plus de valeurs ajoutées, d’assurer une meilleure intégration interafricaine et de compter encore plus sur soi. Kaizen étant la philosophie qui incarne toutes ces aspirations. “ Avec la méthode Kaizen, on fait en sorte qu’on évalue chaque jour le processus et qu’on l’améliore de façon continue. L’innovation est évidemment un atout majeur. La digitalisation aussi. Ce programme s’intègre parfaitement avec les priorités du ministère de l’Industrie et surtout sa stratégie horizon 2035”, a-t-elle affirmé.
La ministre a, en ce sens, déclaré qu’en se basant sur les résultats concluants des programmes Kaizen précédents, le ministère vient de reconduire, avec les partenaires japonais, ledit programme pour la période 2024-2028 pour une troisième phase. En effet, la première expérience Kaizen en Tunisie remonte à 2006, lorsque le secteur industriel a été choisi comme cadre pilote afin d’enraciner cette pratique au sein des entreprises tunisiennes. Il s’agissait d’un programme de coopération identifié et mis en œuvre par le ministère et l’agence de coopération japonaise Jica qui a abouti à la formation d’une centaine d’experts Kaizen tunisiens qui veillent aujourd’hui sur l’amélioration de la qualité et de la productivité du tissu industriel tunisien. Le programme a également permis d’apporter le soutien technique à plus de 200 entreprises et a contribué à améliorer de plus de 60% leur productivité ainsi que la qualité de leurs produits. “Nous allons élargir le champ d’intervention de l’expérience du ministère de l’Industrie pour englober d’autres secteurs d’activité, notamment les services et spécifiquement la formation professionnelle. Car il est important de former non seulement des formateurs, des maîtres formateurs et des experts, mais aussi de préparer les jeunes diplômés demandeurs d’emploi avant d’intégrer l’entreprise industrielle.
Donc on va toucher tout l’écosystème industriel, et ce, afin d’avoir une étendue beaucoup plus grande du système Kaizen et avoir une meilleure compétitivité et un meilleur positionnement de nos entreprises industrielles”, a affirmé Fatma Thabet Chiboub dans une déclaration à La Presse.
Vers la mise en place d’une direction générale Kaizen
Elle a ajouté que le ministère travaille actuellement sur un projet de création d’une direction générale Kaizen. L’objectif est de donner une dimension structurante à l’expérience tunisienne.
“Depuis 2006, les programmes Kaizen ont été gérés par des unités de gestion de projets. Pour cette troisième phase, on a opté pour un organe permanent au sein du ministère de l’Industrie qui est en phase de finalisation. C’est une direction générale avec une équipe dédiée qui va travailler sur les niveaux national, multisectoriel et même international pour avoir une portée africaine et une dimension structurante”, a-t-elle indiqué.
Elle a ajouté que cette direction veillera à assurer le transfert du savoir-faire asiatique. “Je pense que le fait de choisir la Tunisie pour la deuxième fois comme pays hôte de la conférence annuelle est une reconnaissance de la compétence tunisienne. La Tunisie a toujours brillé par ses compétences, par ses talentueux jeunes qui sont très performants. Et c’est à travers ces jeunes-là qu’on va transférer le savoir-faire tunisien au niveau africain”, a-t-elle encore précisé.
La ministre a, par ailleurs, ajouté que le programme est ouvert à toute entreprise désireuse d’implémenter cette méthode japonaise.
“Dans le mécanisme Kaizen, l’engagement de l’entreprise est très important. Donc, en première étape, c’est l’entreprise qui manifeste sa volonté d’améliorer ses performances. Et après, tous les outils sont mis en place pour l’accompagner jusqu’au bout. Nous ne fixons aucune limite quant au nombre des entreprises bénéficiaires. C’est grâce à l’apport de nos amis japonais, qui ne nous ont imposé aucune restriction”, a-t-elle conclu.